L’érosion de notre histoire

Au cours d’un bref voyage avec des jeunes à Milot, nous sommes partis en randonnée. Nous avons visité les ruines du Palais Sans-Souci, étonnés des ravages du temps sur cette page importante des épopées de nos aïeux.

En construisant le Palais Sans-Souci, sa résidence préférée,  Henry Christophe avait supposément voulu rivaliser avec le style du palais de Versailles en France. Il fut achevé en 1813, après 6 années de travail. Mais un violent tremblement de terre le détruisit en 1842. Depuis, il ne reste que les ruines du château et la chapelle de Milot. Face à tant de gâchis, je me demande : n’y a-t-il aucun expert de la restauration des monuments, aucune grosse fortune en Haïti, qui soient assez fous des vestiges de ce palais pour y mettre la main ? J’ai vu comment des conservateurs restaurent de vieux documents en France, avec une telle passion et un tel désir de préserver l’authenticité des pièces ! Sans-Souci aurait bien besoin d’une telle dévotion !

Continuant la visite, je gravis des pentes rocailleuses difficilement pour atteindre la Citadelle La Ferrière aujourd’hui Citadelle Christophe, nichée au sommet du Bonnet-à-l’Evêque, au milieu d’un écrin de verdure. Le caractère impressionnant de l’œuvre me poussa à saluer le génie de ce visionnaire qui nous a laissé ce motif de fierté, 8e merveille du monde, patrimoine historique mondial selon l’UNESCO.

Ce fort, situé à près de 900 m d’altitude, a été érigé pour prévenir, selon Jacques 1e, tout retour éventuel des français en Haïti après l’indépendance. 20 000 personnes environ, semble-t-il, ont participé pendant 14 ans à la construction de la plus grande forteresse des Caraïbes. Même s’il faut déplorer des pertes en vies humaines, le résultat qui en découle force l’admiration.

Il semblerait même que la femme de Christophe, avant de partir pour la Jamaïque, l’a enterré secrètement à la Citadelle, après son suicide.

Les histoires racontées par ces monuments devraient interpeller notre conscience. Le patrimoine national haïtien est riche mais traité en parent pauvre. Alors qu’il est « l’âme et l’esprit » du peuple haïtien, il est laissé à la merci du temps, des catastrophes naturelles, des actes de vandalisme. J’ai lu quelque part : « Les exemples vivants sont d’un autre pouvoir (…) » ; pensons aux générations futures, VALORISONS LES SYMBOLES DE NOTRE IDENTITE DE PEUPLE.

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