- Quelle que soit ta décision, je te soutiendrai, lui promit Sanders.
Il savait qu’il ne devait pas paniquer. Il lui revenait le soin de rassurer Stéphane afin qu’elle reste sereine pour la suite. Pourtant, il se demandait comment il allait pouvoir annoncer cette nouvelle à ses parents, lui qui n’était qu’en troisième année à la fac de médecine ?
« Mon Dieu, que dois-je faire ? », priait Stéphane. Elle se sentait glacée à l’intérieur. Les derniers mots de Sanders lui étaient parvenus, mais de très loin. Elle s’était détachée de son propre corps, voulant fuir l’évidence. « Deux barres ! Une grossière erreur que je vais payer cher ! Très cher !
- Je rentre chez moi, Sanders. Je t’appellerai.
- Entendu. Rappelle-toi que tu n’es pas seule dans cette mésaventure. Je te soutiendrai à 100%.
Trainant les pieds, Stéphane arriva devant la barrière de sa maison, tétanisée. Ne voulant pas affronter les questions de sa mère sur sa mauvaise mine, elle se composa un sourire et une humeur plus ou moins joviale, traversa la cour en moins de deux, embrassa rapidement sa mère qui paressait dans le salon sur son fauteuil favori, un livre entre les mains, puis s’engouffra dans sa chambre. Là, elle souffla. Elle se précipita alors dans sa salle de bain pour se rafraîchir. Elle en profita pour laisser l’eau de la douche laver ses sentiments : elle pleura sur beaucoup de choses. Son avenir de femme d’affaires, sa réputation chèrement acquise, son passé de jeune fille brillante et sans histoire, ses rêves, cet enfant inattendu et mal venu, les reproches que ne manquera pas de lui adresser son entourage. Bref, les sanglots la secouèrent et la laissèrent épuisée.
Après s’être séchée et habillée, elle s’allongea sur son lit et dormit d’un sommeil sans rêves…
- Bonsoir Sanders, ma décision est prise. Je veux avorter.
- ….
- Sanders, (il lui était difficile de dire « chéri » dans des circonstances aussi graves) tu as entendu ? Je ne suis pas prête pour un enfant, toi non plus d’ailleurs. Je ne veux pas renoncer à mes études maintenant, ni décevoir mes parents. Ils ont trop investi en moi. C’est la meilleure chose à faire. Dis-moi que tu comprends.
- Bien sûr, ma chérie, je te comprends. Je ferai comme tu le demandes. (il ne pouvait pas lui avouer combien sa décision le soulageait ! Ce serait égoïste.) Comment projettes-tu de t’y prendre ?
- Je ne sais pas moi, c’est toi, l’homme-toubib. Que proposes-tu ?
- Euh… J’ai le parfait médicament pour cela. Il ne laissera pas de trace et ce n’est pas cher. Cependant, je dois te prévenir : terminer cette grossesse sera douloureux. Par conséquent, sois forte car lorsque tu seras chez toi, tu vas souffrir seule et en silence. Il te faudra faire attention à ne pas éveiller les soupçons de ta mère surtout. Elle a un certain flair.
Quinze jours plus tard, après des souffrances atroces :
- (Seigneur, pardonne-moi, même si j’ai commis l’impardonnable. Ne laisse pas le remords envahir mon âme et m’ôter le sommeil. Accorde-moi la sérénité et le courage. Plus jamais, je ne jouerai à l’inconsciente car le prix à payer est trop lourd… »)
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