La nostalgie des Noëls passées
J’ai toujours aimé Noël pour la joie immense qu’elle charrie avec elle. Cependant, plus le temps s’écoule, plus les fantômes des noëls passées viennent hanter mes souvenirs…
Je me souviens de l’odeur du sapin naturel qui embaumait la maison, des efforts déployés en vue d’éviter qu’il nous effleure de ses branches, de ce « bab panyòl » sur lequel était dressée notre crèche avec Marie, Joseph, l’enfant Jésus et les autres, du plaisir qu’il y avait à arranger guirlandes et lumières. Ces dernières diffusaient jusqu’au matin de Noël les chansons comme « Petit Papa Noël » ou « Sonnez cloches »…
Je me souviens aussi de ce fameux gâteau de Noël que ma mère faisait traditionnellement en notre compagnie. Je vois encore la grande cuvette vieille de la naissance de mon frère ou de ma sœur ainée, la grande cuillère en bois, les multiples bols qui recueillaient les ingrédients lors de la préparation, les spatules qui feront partie au même titre des autres ustensiles, des distributions lorsqu’à la fin, tous les apprentis pâtissiers allaient vouloir gouter la pâte. Ma mère, en plus du grand moule à gâteau, disposait de 4 petits bols en Stainless qui allaient revenir à chacun de nous et dans lesquels on allait y mettre les doigts en dépit de la chaleur qui s’y dégagerait. L’odeur agréable qui émanait du four nous faisait trépigner d’impatience. Est-ce que c’est prêt ? demandions-nous sans cesse…
Je me souviens aussi de l’impatience qui nous habitait face à l’attente de ce que ce fameux Père Noel allait apporter dans sa hotte pour nous. Est-ce que ma mère sait que nous avions jeté un coup d’œil dans sa penderie pour espionner les cadeaux qui y étaient cachés, en essayant de deviner à qui appartenait quoi ? Nous avions toujours apprécié ces présents, quelle que fusse leur nature ; l’innocence était alors vraiment le propre de l’enfance…
Je me souviens de la messe de minuit du 24 décembre à la chapelle de Saint Louis de Gonzague à Delmas, des concerts de la chorale Sacré Cœur – Saint Louis, du « Minuit Chrétien » chanté en chœur par cette dernière et la chorale du MEJ avec lumières éteintes et bougies allumées. Tant de solennité me frémissait le cœur. De plus, nous étions parés d’habits neufs retirés souvent de chez la couturière l’après-midi même. Une fois rentres à la maison, maman aura prévu un en-cas pour bercer notre sommeil jusqu’au passage du Père Noel…
Je me souviens aussi du « Konkou Chante Nwèl » de Télémax qui nous a laissés un répertoire intéressant de chants de Noel que je continue de chanter à tue-tête. Ces hymnes entrainants font partie de moi et en même temps me rappellent combien depuis la première Edition de 1998, les revendications du peuple haïtien sont restées les mêmes. Rien n’a changé et aucune de ces requêtes adressées au Père Noel n’a, semble-t-il, été déposée au pied de l’arbre de Noel Ayiti…
Je me souviens de ces fanaux sur la route de Bourdon qui éclairaient les nuits et nous disaient que Noel était proche…
Je me souviens…
Je me souviens…
Je me souviens combien la folie des achats, la gaieté des chants de Noel, le sens du partage, les réveillons en famille, les messes de minuit ont été kidnappés et combien la rançon pour les récupérer parait être trop lourde à payer pour un peuple qui réclame encore un temps de « Noel de paix et d’amour »
Joyeux Noel quand même les amis et que la magie de Noel vous apporte la Paix…
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