J’ai fait un rêve.

Je suis une femme d’Haïti,
Et cette nuit, j’ai fait un rêve :

« J’ai vu les chaînes tomber des pieds de la femme de mon pays.
Je l’ai vue libre et heureuse,
Allant et venant sous ce ciel si bleu.
Elle évoluait sans attaches,
Sans aucun lien la rattachant à l’homme.
Car celui-ci lui avait trop menti,
L’avait assez battue et suffisamment bafouée.
Elle avait crié : autant. Le vent de la révolte avait soufflé.
Elle ne voulait plus être esclave,
Plus dépendre des caprices des autres.
Elle s’était faite égoïste,
Libre enfin de ne penser qu’à elle.
Elle s’était dit : « et si l’homme enfantait ?
S’il restait à la maison pour éduquer les enfants ?
Si la femme prenait les rênes du pouvoir ?
Si l’homme faisait ses quatre volontés ?…
Et alors, elle avait abandonné toute obligation,
Toute maison, tout foyer.
Elle s’en alla jouir de sa liberté
Jusqu’au jour où l’homme, à genoux,
La supplia de revenir.
Il lui promit de changer, de l’aimer,
De l’honorer, de la chérir,
De respecter ses droits
De la couronner pour son efficacité.

Il avait reconnu ne pas posséder
Le génie de la femme de mon pays.
« 

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