Souvent, nous cherchons à comprendre cette tendance qui pousse l’Haïtien à vouloir à tout prix que le carnaval ait lieu, année après année, deux fois même s’il le faut au cours d’une année. Et alors, nous entendons toutes sortes d’experts se prononcer sur l’inconscience de ces Autres que nous appelons frères et sœurs seulement quand des compétitions internationales leur donnent des occasions de nous rendre fiers de ce palmiste surmonté du Bonnet de la liberté qui nous définit. Tous les avis diffèrent car l’un parle de potentialité touristique, de retombées économiques pendant que l’autre parle de dépenses farfelues, de redéfinition des priorités nationales.
Ainsi, nous nous perdons en conjectures, attribuant cet amour des jours gras, à la folie collective qui nous caractérise. Nous feuilletons une encyclopédie après l’autre, évoquons étude après étude, rapport après rapport, pour justifier notre position et asseoir nos arguments pour ou contre.
Cependant, au final, à partir du vendredi des étudiants jusqu’aux premières lueurs du mercredi des cendres, c’est tout le peuple haïtien, experts ou pas, qui vibre au son de ces décibels et de ces tams-tams. La musique a vaincu nos résistances, elle nous envahit et fait taire tout discours. Les esprits piaffent dans notre tête au rythme des déhanchements qui nous habitent, tout entiers …
Il sera toujours temps de reparler de la déraison qui flotte autour de notre carnaval quand le comité provisoire / permanent lancera le thème du prochain carnaval ou quand, au premier dimanche du mois de janvier prochain, les DJ viendront nous rappeler qu’au tréfonds de nous-mêmes, les dieux de la musique et du plaisir ne font que sommeiller…
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