Le verdict

« Sur les ailes du temps, la tristesse s’envole »

Stéphane rentra de ses cours à l’université de Port-au-Prince. Elle trouva sa mère au salon, regardant son feuilleton préféré. Apres l’avoir saluée, elle fila dans sa chambre, revêtir un short et un maillot car la chaleur était oppressante en ce début d’été. Elle alla rejoindre sa mère qui la fixa d’un œil étrange, un peu trop scrutateur.

  • Qu’y a-t-il, mère ? voulut-elle savoir.
  • Es-tu enceinte ? je ne comprends pas la forme de ton ventre, ma fille. Je le trouve un peu anormal.
  • Mère, rit-elle, j’ai mangé au bar de l’école juste avant de venir. Cela expliquerait donc pourquoi j’ai l’allure que tu vois. Ou vas-tu chercher de telles pensées ?

Stéphane attendit encore quelques minutes avant de regagner sa chambre, toute préoccupée par la remarque de sa mère. « Se pouvait-il qu’elle se soit laissée piéger par les jeux de l’amour avec Sanders ? Même en plongeant dans ses souvenirs, elle ne se rappelait pas avoir été imprudente ! Bien sûr, il n’avait pas utilisé de préservatif, mais il lui avait juré s’être retiré d’elle à temps. »

Les pensées taraudaient à l’esprit de Stéphane et seul Sanders pouvait la rassurer. Elle l’appela donc et ensemble, ils décidèrent de passer le lendemain, un de ses tests de grossesse rapides disponibles dans toutes les pharmacies, dans le secret de la maison de Sanders.

Il était une heure de l’après-midi lorsqu’elle rejoignit Sanders chez lui, après ses cours. Il lui remit le test, elle se rendit dans la salle de bain. Deux minutes plus tard, elle sortit, le bâtonnet en main. Verdict : deux barres. Plus de doute : elle était enceinte. Tous deux fondirent en larmes, enlacés. Pourquoi avaient-ils été aussi inconscients ? Dans les feux de l’action, tout ce qu’ils avaient lu et entendu sur les risques de grossesse dans les rapports sexuels non protégés avait été oublié. Maintenant, les conséquences étaient là, il allait bien leur falloir prendre des décisions sérieuses. Tout d’un coup, ils se sentaient adultes et graves. Stéphane fixait le sol, Sanders le plafond : il lui caressait la main, d’un air absent et rempli de réflexion…

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